Mis à jour le 14.02.2019
Plante aux multiples usages, le palmier constitue une ressource économique importante. Une étude révèle que les 66 espèces de palmiers africains actuellement connues présentent peu de risque d’extinction à l’échelle du continent. Une bonne nouvelle qui ne doit pas cacher des risques locaux de surexploitation.
Nourriture, matériaux de construction, vin, artisanat, médecine… les usages des palmiers en Afrique sont nombreux et divers ! Pourtant, seules 66 espèces – sur les 2600 que comprend cette famille – peuplent le continent. "L’île de Singapour à elle seule en compte une quarantaine ! ", souligne Thomas Couvreur. Alors que ces arbres souffrent d’une détérioration, voire d’une perte de leur habitat, due principalement à la conversion des terres à l’agriculture, des travaux ont suggéré que le changement climatique pourrait exacerber ces menaces. "Mais aucune étude n’avait jusqu’ici évalué le risque global d’extinction des palmiers africains 1. Pourtant, "comprendre les risques qui pèsent sur les espèces, c’est la première étape de la conservation de la biodiversité " rappelle le chercheur.
Moins de 10 % menacés
Avec Ariane Cosiaux, alors volontaire internationale (VI) de l’UMR DIADE basée au Cameroun, les chercheurs ont entrepris d’associer à chacune des espèces de palmiers africains son statut de conservation selon des critères bien définis, ceux de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). "Ces critères peuvent s’appliquer à toute espèce vivante, animale comme végétale. Connaître le statut d’une espèce selon ces règles renseigne sur sa distribution géographique, sa présence dans des aires protégées, son exploitation et les risques qu’elle encourt ", détaille la chercheuse. Après un an et demi de recueil et traitement de données (consultation d’herbiers, programme RAINBIO 2 et RAPHIA 3….), le verdict est tombé. "Moins de 10% des espèces entrent dans les catégories « menacées » et seule une est considérée comme en danger critique d’extinction ! De façon globale, le risque d’extinction est donc faible pour ce groupe de plantes si importantes en Afrique ", interprète Ariane Cosiaux.

Eremospatha barendii, au Cameroun, est la seule espèce de palmiers d’Afrique en danger critique d’extinction. En cause ? La perte de son habitat.
© IRD/Thomas Couvreur
Des risques locaux
Notes
1. Ariane Cosiaux, Lauren M. Gardiner, Fred W. Stauffer, Steven P. Bachman, Bonaventure Sonké, William J. Baker, Thomas L.P. Couvreur, Low extinction risk for an important plant resource: Conservation assessments of continental African palms (Arecaceae/Palmae), Biological Conservation ; 5 avril 2018
2. Programme RAINBIO : Création d’une base de données en libre accès sur la flore d’Afrique tropicale.
3. Programme RAPHIA : Études socio-économiques des palmiersRaphia en Afrique.