Mis à jour le 20.05.2019
Une étude menée par une équipe internationale et réalisée dans vingt pays, Australie, Inde, Nigeria, etc. confirme que l’objectif "4 pour 1 000" d’augmentation du stock de carbone dans les sols peut être atteint. Elle met en lumière les pratiques culturales permettant de réaliser cette ambition. En Afrique du Sud, le pâturage en est un outil essentiel.
La séquestration du carbone dans le sol représente un enjeu majeur pour compenser les émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine. Les sols abritent en effet trois fois plus de carbone que l’atmosphère, soit 2 400 milliards de tonnes - jusqu'à deux mètres de profondeur - et le conserve plus longtemps. L’initiative "4 pour 1000" lancée lors de la Cop 21 de Paris en décembre 2015 a pour ambition d’accompagner les politiques de réduction des émissions en proposant des pratiques de gestion des terres permettant d’absorber l’augmentation des émissions annuelles vers l’atmosphère. Il suffirait d’augmenter de 4p1000 (soit 0,4 %) le stock de matière carbone organique du sol pour atteindre cette cible.
La dégradation de ces zones de pâturage a ainsi généré une perte pouvant aller jusqu’à 90 % du stock de carbone. A l’échelle du pays, la mise en place du pâturage intensif éphémère – passage dense d’herbivores durant une courte période – augmenterait le stock de carbone de 80 millions de tonnes à 110 millions de tonnes par an. Soit un accroissement de 35 pour mille par an, pour un objectif mondial de 4 pour mille.
Outre cette nouvelle pratique de pâturage, l’apport d’amendements organiques (+ 0,5 tonne de carbone par hectare par an), la rotation des cultures (+ 0,2 tonne de carbone par hectare par an), le
reboisement (+0,6 tonne de carbone par hectare par an) et la diminution du labour (+0,3 tonne de carbone par hectare par an) sont autant d’outils en réponse à l’initiative "4 pour mille".
La majorité des pays étudiés considère cet objectif atteignable. Vingt ans d’utilisation de ces méthodes culturales seront nécessaires pour délivrer leurs bienfaits. "L’initiative « 4 pour mille » devrait être engagée immédiatement,estime le co-auteur de l’étude Budiman Minasny. Il ne s’agit pas de l’unique réponse au changement climatique. Cependant, de nouvelles technologies de séquestration du carbone pourront être développées durant cette période de mise en œuvre. Les progrès en termes de mesure des stocks de carbone amélioreront également les pratiques des agriculteurs. Elles apporteront en outre aux financeurs les informations indispensables pour les conforter dans leurs investissements dans ce marché."
Notes :
1. Budiman Minasny, Brendan P. Malone, Alex B. McBratney, Denis A. Angers, Dominique Arrouays, Adam Chambers, Vincent Chaplot, Zueng-Sang Chen, Kun Cheng, Bhabani S. Das, Damien J. Field, Alessandro Gimona, Carolyn B. Hedley, Suk Young Hong, Biswapati Mandal, Ben P. Marchant, Manuel Martin, Brian G. McConkey, Vera Leatitia Mulder, Sharon O'Rourke, Anne C. Richer-de-Forges, Inakwu Odeh, José Padarian, Keith Paustian, Genxing Pan, Laura Poggio, Igor Savin, Vladimir Stolbovoyr Uta Stockmann, Yiyi Sulaeman, Chun-Chih Tsui, Tor-Gunnar Vågen, Bas van Wesemael, Leigh Winowiecki. Soil Carbon 4 per mille . Geoderma., 292 (2016).
Contacts : Vincent Chaplot / Budiman Minasny