Mis à jour le 25.10.2023
Faire comprendre les impacts et les enjeux du changement climatique aux adolescents est l’objectif du Jeu à Débattre « Le climat et l’alimentation durable », conçu par l’association l’Arbre des connaissances, en partenariat avec l’IRD, l’Ifremer et le CNRS. Un jeu pour comprendre, échanger et se forger un esprit critique.
Le changement climatique, ce n’est pas un jeu ! À moins qu’il ne s’agisse de sensibiliser les adolescents aux enjeux des bouleversements en cours. C’est ce que propose le support Jouer à Débattre « Le climat et l’alimentation durable » mis au point par l’Arbre des Connaissances, association de chercheurs, en collaboration avec des scientifiques de l’Ifremer, du CNRS et de l’IRD. Il consiste en un jeu de rôles qui projette les participants à partir de 14 ans dans la peau des habitantes et habitants d’un archipel imaginaire, Archipelago, composé de cinq îles aux caractéristiques bien différentes. L’île A est peuplée de pêcheurs qui fournissent l’archipel en poissons et produits de la mer tandis que l’île B est dédiée à l’agriculture et l’élevage. L’île C mise sur le tourisme grâce à un environnement idyllique. L’île D est celle de l’industrie qui transforme ce qui est produit sur les autres îles. Enfin, l’île E est une réserve naturelle. Ces îles dépendent les unes des autres pour importer ce qui leur manque notamment. Cet équilibre est remis en question à cause des conséquences du changement climatique.
Un jeu pédagogique
Accompagnés par un animateur (enseignant, par exemple), les adolescents doivent prendre les décisions pour y faire face afin d’atteindre une alimentation durable. Ces choix résultent de discussions entre « habitants » de chaque île et avec l’ensemble de la « population ».
Des fiches guident les participantes et participants tout au long du jeu.
© Arbre des connaissances
Pour étayer leurs décisions, les jeunes participants ont accès à des fiches de solutions qui présentent des avantages et des inconvénients. Le développement du numérique, par exemple, permet de s’adapter au changement climatique mais nécessite des investissements massifs.
Ces fiches s’appuient sur les connaissances scientifiques actuelles. Elles ont été mises au point avec le concours de plusieurs spécialistes. « Je suis intervenu comme conseiller scientifique, raconte Sébastien Barot, chercheur en écologie des écosystèmes IRD dans l’unité iEES-Paris et conseiller scientifique Biodiversité à l'IRD.
Les fiches ressources, conçues grâce aux connaissances des scientifiques, éclairent les jeunes sur les choix possibles.
© Arbre des connaissances
L’objectif était de partager nos savoirs et d’en assurer la cohérence. J’ai essayé de livrer des éléments qui rendent les scénarios du jeu un peu plus réalistes. Il a toutefois fallu parfois faire des compromis entre réalisme et jouabilité. Le jeu ne doit pas être trop compliqué pour les participants. » Ainsi, les informations données dans le jeu sont volontairement simplifiées, pour que les jeunes se posent des questions et aient envie d’en savoir plus après le jeu. Opter pour la consommation de viande de synthèse, par exemple, entraîne dans le jeu une baisse des émissions de gaz à effet de serre, notamment celles dues à l’agriculture et l’élevage. Mais celles liées à tous les facteurs de production ne sont pas prises en compte. D’aucun pourrait donc trouver certains scénarios quelque peu caricaturaux. Cependant, le scientifique tempère : « C’est une limite du jeu mais, au final, le débat a lieu au sein de la classe et cela apporte des éléments de réflexion aux jeunes. »
Et c’est là l’un des principaux objectifs et intérêts de Jouer à Débattre, comme son nom l’indique et comme l’a observé Mina Oumassaoud, professeure de Sciences et techniques médico-sociales (STM) au lycée René Auffray (Clichy), qui l’a testé en avril dernier avec une classe de seconde : « Tout d’abord, c’est un sujet – le climat et l’alimentation durable – pertinent et en lien avec l’actualité. Il parle aux adolescents ainsi qu’aux professeurs. Ça les fait réfléchir à différentes situations. Les élèves discutent entre eux. Ils font des choix en petits groupes puis avec l’ensemble de la classe. Ils doivent justifier leurs décisions. Cela améliore leur capacité d’argumentation. De manière générale, les élèves ont apprécié l’activité de par sa configuration, son animation et sa nouveauté. »
Mode d’emploi
Jouer à Débattre constitue donc une approche originale du sujet du climat et de l’alimentation durable, qui traversent de nombreux Objectifs de développement durable : ODD 2 Faim « zéro », ODD 3 Bonne santé et bien-être, ODD 13 Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques, ODD 12 Consommation et production responsables… Tous les éléments du jeu sont disponibles gratuitement en téléchargement sur le site jeudebat.com. Après une rapide inscription, les enseignants ou tout autre professionnel de l’éducation et de la culture qui dirige les parties ont ainsi accès aux fiches pour les joueurs ainsi qu’à un guide d’animation. Ce document recense tout ce dont les animateurs ont besoin pour la conduite du jeu. Les séances durent environ deux heures et s’adressent à des groupes de 15 à 25 participants.

© Arbre des connaissances
« L’an passé, nous avons joué avec une classe de 20 élèves. Cette année, je compte mettre en place une séance en demi-groupe, soit quinze élèves de première. Ce sera plus simple, notamment pour l’explication du déroulement du jeu », indique Mina Oumassaoud qui, pour cette partie inaugurale, avait reçu le renfort de deux membres de l’Arbre des Connaissances. Les professionnels peuvent s’emparer du jeu de façon autonome et l’adapter à leurs publics et leurs projets. L’association peut les accompagner, elle apporte un support en ligne sous forme de partage d’expériences et de ressources pédagogiques complémentaires. Une rubrique « Après le jeu » donne des pistes aux animateurs pour des séances de prolongement du jeu : « Développer la thématique du jeu dans le cadre des programmes scolaires », « Recherches documentaires, visionnage et analyse de films/documentaires en lien avec la thématique abordée et productions des jeunes », etc. Sur le site, l’association explique également comment organiser une rencontre avec un ou une scientifique, sachant qu’elle peut apporter son aide pour une rencontre en présentiel. Une façon de prolonger les réflexions et le débat.