Le catamaran océanographique Antéa, de l’IRD, blanc et navigant à bonne allure sur des eaux sombres, vu du ciel.

Les campagnes océanographiques dans l’océan Atlantique ont permis de recueillir de nombreuses données sur la décroissance de la radioactivité des isotopes du radium le long du panache de l’Amazone.

© IRD - Gildas Roudaut

Des isotopes du radium pour chronométrer le panache de l’Amazone

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Mis à jour le 22.03.2022

Combien dure la course de l'Amazone dans l’Atlantique ? Déterminer le temps qu’il faut à ses eaux pour se mêler complètement à celles de l’océan est une information précieuse pour comprendre les cycles des éléments chimiques dans le milieu marin. Par sa puissance hydrologique, le grand fleuve constitue en effet un site exceptionnel pour étudier les phénomènes à l’œuvre à l’interface continent / océan. Pour s’en faire une idée, des scientifiques français et brésiliensCoordonnée par le LEGOS1 se sont lancés dans l’analyse des isotopes 223 et 224 du radium dans les eaux du panache de l’Amazone. Ceux-ci ont en effet des périodes radioactives courtes, respectivement de 11 et 4 jours. Apportés par le fleuve, ils sont progressivement transférés aux eaux marines par contact avec les particules sédimentaires. Le suivi de la décroissance de leur radioactivité le long du panache de l’Amazone permet de chronométrer le temps de transit de ces eaux sur le plateau continental brésilien jusqu’à plus de 500 km de l’embouchure.
Ainsi, grâce à des séries de prélèvements acquises lors de plusieurs campagnes océanographiques internationalesCampagnes françaises, américaines et allemandes, autour d’un consortium réunissant le LEGOS, HSM, l’Université de South Carolina (USA) et l’Instituto de Pesquisas Energéticas e Nucleares(IPEN),Sao Paulo (Brésil), et en particulier dans le cadre du projet ANR AMANDES.1, les spécialistes ont établi qu’il faut entre 9 et 14 jours aux eaux de l’Amazone pour atteindre la limite nord-ouest du plateau continental (au large de la Guyane Française) et entre 12 et 21 jours pour atteindre sa limite nord-est en face de l’embouchure. Ces résultats éclairent sur l’influence chimique et biologique majeure de l’Amazone dans l’océan Atlantique.


 

    Trois marins s’affairent sous le portique arrière d’un navire océanographique pour mettre à l’eau un instrument de la taille et la forme d’un conteneur à bouteilles (2 mètres de haut et de diamètre), rassemblant des tubes verticaux de la taille d’un tuyau de gouttière qui sont les bouteilles à renversement destinées au prélèvement d’eau à des profondeurs données.

    © IRD - Hubert Bataille

    Mise à l'eau d’une « rosette », rassemblant des bouteilles à renversement pour faire des prélèvements dans la colonne d’eau à des profondeurs déterminées.