L’agriculture vivrière traditionnelle pourra-t-elle nourrir tous les habitants d’Afrique de l’Ouest en 2050 ? Pour répondre à cette question, des climatologues de l’IRD ont analysé la croissance démographique de cinq pays de la sous-région - Niger, Mali, Nigéria, Burkina Faso et Sénégal – et simulé l’évolution du rendement des céréales les plus produites dans cette zoneLe maïs, le mil et le sorgho représentent jusqu’à 98 % de leur production agricole.1 sous l’effet du changement climatique. Leurs outils ? 16 modèles climatiques parmi la quarantaine du projet international CMIP5Pour « Coupled model intercomparison project », projet d’intercomparaison des modèles couplés. utilisés par le GIEC, le modèle agronomique SARRA-OModèle développé par le CIRAD en partenariat avec le centre régional AGRHYMET, institution spécialisée du Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (Cilss), dont le mandat s’étend maintenant sur les pays de la CEDEAO.1Qui analyse l’impact de la variabilité́ et du changement climatique sur les cultures et pratiques agricoles. et les projections démographiques de l’ONU.
Le rendement du maïs, du mil et du sorgho diminuerait ainsi de 5 à 15 % d’ici 2050. Au même moment, la croissance démographique explosera : la population du Niger, pays le plus concerné, serait par exemple multipliée par quatre. Conséquence : si la production de ces trois céréales est actuellement de 250 kg/habitant au Burkina Faso, au Niger et au MaliLa production de maïs/mil/sorgho est d’environ 100 kg/habitant au Nigeria et au Sénégal mais ces États ont de plus grandes capacités à importer. La part de ces céréales dans la production nationale est également plus faible : les habitants disposent ainsi d’autres ressources alimentaires. 1 - seuil nécessaire pour répondre aux besoins énergétiques des individus - elle se situera en deçà de 100 kg/habitant en 2050. La sécurité alimentaire ne sera donc plus assurée dans ces pays.
Malgré l’introduction de plusieurs variables au sein des modélisations – doublement des surfaces cultivées, augmentation des rendements – la production céréalières restera insuffisante pour répondre aux besoins des habitants. Ces derniers seraient contraints de migrer pour faire face à l’insécurité alimentaire. Pour éviter d’en arriver là, les scientifiques proposent une approche interdisciplinaire – climatique, agronomique et démographique – afin d’élaborer des solutions prenant en compte l’ensemble de ces contraintes.