Vue du désert aride de l'Atacama, avec en fond un sommet enneigé.

Le désert de l'Atacama, au nord du Chili, qui connait des conditions très stables aujourd'hui, a dû naguère traverser des évènements climatiques ou tectoniques qui ont profondément remanié sa géomorphologie.

© IRD - Germinal Gabalda

Le rayonnement cosmique démasque l’érosion de l’Atacama

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Mis à jour le 30.06.2021

L’Atacama n’a pas toujours été ce désert immuable qu’on connait aujourd’hui… Les travaux de géologues français et chiliens, membres du LMI COPEDIMIRD/Universidad Catolica del Norte (Antofagasta, Chili)/ Universidad de Chile/ Université Toulouse 3 Paul-Sabatier/University of British Columbia (Canada)/Antofagasta Minerals (Chili)/Instituto geologico minero y metalurgico/Institution associée Sud (Pérou)/Pontificia Universidad Católica de Chile1, révèlent qu’il a traversé une période assez ancienne d’intenses remaniements, tranchant nettement avec la stabilité inaltérable qui y prévaut depuis un million d’années. Les scientifiques sont parvenus à retracer l’histoire géomorphologique de la région, en analysant des isotopes cosmogéniques, le béryllium 10 et le néon 21, contenus dans les sédiments qui entourent la couche de cuivre d’une mine à 120 mètres de profondeur. 

Exploitation à ciel ouvert, à plus de 100 mètres de profondeur, d'un gisement de cuivre dans l'Atacama

© IRD - Sébastien Carretier

Bloc de texte

Ces isotopes rares sont issus de l’action de rayons cosmiques sur le noyau de leur atome. Leur quantité et proportion respectives dans les échantillons témoignent du temps d’exposition de ces sédiments au rayonnement cosmique et donc du temps qu’ils ont passé à la surface terrestre avant d’être enterrés à la faveur d’un mouvement d’érosion. Celui-ci les a déplacés, comblant une dépression qui existait naguère à leur emplacement actuel. Cette méthode innovante a permis de dater la formation du gisement de cuivre lui-même - autour de 10 à 14 millions d’années - mais aussi d’évaluer la vitesse du processus qui en est à l’origine. Ces résultats prouvent que l’érosion, qui est considérée comme très lente depuis un million d’années dans l’Atacama, a été beaucoup plus rapide à une autre époque… Cela suggère que la région connaissait alors un autre climat, bien plus humide, ou qu’elle a été le théâtre de puissants événements tectoniques passés.