Lorsqu’ils recherchent des agents pathogènes, les scientifiques photographient la chauve-souris capturée avec les références des prélèvements biologiques ainsi que les données du lieu de capture.

© IRD - Alain Tendero, Post Ebogui 2018

Les chauves-souris, au cœur des coronavirus

Mis à jour le 27.08.2020

En 2015, peu de temps après l’épidémie d’Ebola en Guinée, des virologues de l’IRD et du CIRAD engagent des études sur le rôle des chauves-souris comme réservoir animalEspèce participant au cycle de reproduction d'un agent pathogène à partir de laquelle il peut contaminer sporadiquement d'autres espèces. d’agents pathogènes, et notamment du virus Ebola. En mars 2020, alors que le coronavirus SARS-CoV-2 se répand dans le monde entier, ils décident de le rechercher dans ces échantillons : les chauves-souris sont en effet connues pour être à l’origine des coronavirus. « Peu de données existent en Afrique sur la circulation de ces virus, explique Martine Peeters, virologue au sein de l’UMR TransVHIMI. Or, les chauves-souris sont chassées en Afrique de l’Ouest et centrale. Les risques de transmissions zoonotiquesDe l’animal à l’être humain.  sont donc réels. »

Résultats : 35 des 319 chauves-souris échantillonnées (soit 11 %) sont porteuses d’un coronavirus. Leur diversité est grande : certains appartiennent  aux sous-genres connus pour abriter des coronavirus humains. Aussi, sur les 14 espèces de chauves-souris testées, 8 sont positives à un coronavirus. « Dans cette étude pilote, nous avons montré la présence étendue de ces virus dans des lieux à proximité des habitations ou dans lesquels chassent régulièrement des individus, poursuit Audrey Lacroix, première auteure de l’article. Nous allons tester un plus grand nombre de chauves-souris dans d’autres région de Guinée, au Cameroun et en République Démocratique du Congo afin d’élaborer une cartographie, en matière de prévalence et de diversité, des coronavirus qui circulent en Afrique subsaharienne. » L’enjeu par la suite sera d’améliorer les outils diagnostiques, les vaccins et les traitements, ainsi que d’anticiper les transmissions à l’homme afin de prévenir de nouvelles épidémies.