Les défis d'une bonne nutrition, à l'heure d'un monde globalisé.

Les défis d'une bonne nutrition, à l'heure d'un monde globalisé.

© IRD / Tiphaine Chevallier

Les défis de la nutrition dans un monde globalisé

Mis à jour le 21.10.2019

2016-2025, Décennie d’action des Nations unies pour la nutrition. Mais qu’est-ce que la nutrition exactement ? Quels sont les défis d’une bonne nutrition, à l’heure d’un monde globalisé et des ODD ? Réponses dans l’ouvrage coordonné par Bernard Maire et Yves Martin-Prével. Directeur adjoint de l’unité Nutripass, et directeur du département Santé et sociétés de l’IRD, ce dernier nous en donne un aperçu.

Yves Martin-Prével, coordonnateur du livre La nutrition dans un monde globalisé

© IRD - P. Houssin - E.Tataert

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Pourquoi avoir décidé d’écrire ce livre ?

Yves Martin-Prével : Cela part d’un constat simple : il n’existe pas d’ouvrage en langue française qui permette de donner des pistes pour appréhender le champ de la nutrition d’aujourd’hui. Beaucoup de secteurs du développement sont pourtant concernés par la nutrition et cela aurait été utile en 2005, pour comprendre l’apparent paradoxe de la crise du Niger : un niveau de production agricole amoindri dans le pays mais qui n’expliquait pas la malnutrition des habitants dans les zones de plus forte production. Qualifiée de famine par certains, même si à tort, la crise alimentaire a largement été médiatisée et le traitement dont elle a fait l’objet rappelle d’ailleurs qu’il y a souvent confusion entre crise alimentaire, disette, famine, crise nutritionnelle… Le décryptage ultérieur de la situation du Niger -  une extrême pauvreté des travailleurs agricoles qui vendaient leur force de travail pour rembourser leurs dettes, un Nigeria voisin « riche » et à court de céréales siphonnant les vivres qui se trouvaient sur les marchés frontaliers pour couvrir ses besoins immédiats et revendant quelques mois plus tard ses reliquats – a fait réaliser à la communauté internationale qu’il ne suffisait pas que la nourriture soit produite pour qu’elle profite à l’ensemble de la population. Assurer une bonne nutrition va même bien au-delà de la sécurité alimentaire.

 

De plus, les problèmes de nutrition sont nombreux, et ne se cantonnent pas à la sous-nutrition.

Y. M.-P. : Oui, c’est pour cela qu’on parle désormais de « malnutrition sous toutes ses formes », une expression consacrée depuis le premier rapport mondial sur la nutrition de 2014. Elle englobe diverses situations pathologiques. Alors que le retard de croissance - sous-nutrition chronique du jeune enfant - se réduit de façon notable, que les malnutritions aiguës sont aussi sur le déclin, même si restant à des taux élevés, les carences en micronutriments restent fortement prévalentes. À cela, il faut ajouter les malnutritions de pléthore – pourvoyeuse d’obésité, de diabète et de maladies cardiovasculaire. Elles atteignent des proportions inquiétantes jusque dans les pays à faible PIB/hab. Dans la plupart des pays pauvres, différents types de malnutrition coexistent et lutter simultanément contre eux représente un défi majeur !

La nutrition dans un monde globalisé, Yves Martin-Prével et Bernard Maire (dir.), éditions IRD/Khartala, 270 p., 25 euros Crédit DR

© DR

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Comment les pays peuvent-ils y parvenir ?

Y. M.-P. : Les recherches menées jusqu’ici montrent qu’une période est particulièrement cruciale dans la vie d’un individu : celle des « 1000 jours », qui commence à la conception et court jusqu’à la fin de la deuxième année de vie du jeune enfant. L’amélioration de la nutrition pendant cette période présente les meilleurs bénéfices à court et long terme. Le Plan d’action de l’OMS pour la nutrition des mères et de leurs jeunes enfants (2014) s’appuie sur cette recommandation et a défini un ensemble de cibles à atteindre en 2025 : 50 % de réduction du taux d’anémie chez les femmes en âge de procréer ; 30 % de réduction de l’insuffisance pondérale à la naissance ; porter les taux d’allaitement exclusif au sein au cours des six premiers mois de la vie à au moins 50 % ; réduire de 40 % le nombre d’enfants de moins de 5 ans présentant un retard de croissance; réduire et maintenir au-dessous de 5% l’émaciation chez l’enfant ; enfin éviter toute augmentation du pourcentage d’enfants en surcharge pondérale. Ces cibles sont également intégrées dans l’Objectif de développement durable numéro 2 ?ODD n°2 : Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable.  Surtout, ce dont il faut se souvenir, c’est que la nutrition, ou plutôt ses problématiques, sont multi-factorielles. L’approche et les réponses doivent donc nécessairement être multi-sectorielles : agriculture, santé, éducation, eau potable et hygiène, droits des femmes…

 


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Contact : yves.martin-prevel@ird.fr