Le volcan Soputan fait partie des 77 volcans aériens, en opposition aux volcans sous-marins, en activité sur l’archipel indonésien.

© IRD – Philipson Bani

Les volcans indonésiens contribuent peu aux émissions mondiales de dioxyde de soufre

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Mis à jour le 16.08.2022

Il aura fallu une dizaine d’années au volcanologue Philipson Bani, chercheur IRD au sein du Laboratoire Magmas et Volcans, et aux scientifiques indonésiens du Center for Volcanology and Geological Hazard (CVGHM), œuvrant de concert au sein de la JEAI COMMISSION (Comprendre les émissions magmatiques pour mieux surveiller les volcans en Indonésie) de 2017 à 2020Hendra Gunawan, actuel directeur du CVGHM, en était le responsable indonésien. Devy Syahbana, Sofian Primulyana, Ugan Saing et Hilma Alfiani ont également travaillé au sein de cette JEAI.1, pour pouvoir mesurer in situ le dégazage de 47 volcans sur les 77 en activité en Indonésie.

Et pour cause, les sommets des volcans de cet archipel de plus de 5 000 kilomètres de long sont pour la plupart peu accessibles. Les moyens logistiques pour s’y rendre sont également limités et les scientifiques doivent concilier leurs activités de recherche avec des croyances traditionnelles fortes concernant certains volcans : leurs sommets seraient occupés, selon les populations locales, par des êtres surnaturels et ne devraient pas être dérangés.

Ces volcans sont ainsi encore peu étudiés et leur contribution en dioxyde de soufre (SO2) dans l’atmosphère reste mal connue. Or, ce gaz joue un rôle important dans l’évolution du changement climatique. « En cas de grosses éruptions, le dioxyde de soufre émis par les volcans peut atteindre la stratosphère et agir sur le rayonnement solaire, explique Philipson Bani. Il se transforme en aérosol d'acide sulfurique (H2SO4) capable de renvoyer dans l’espace une partie de l’énergie solaire. Ce processus crée un déficit de rayonnement sur la surface terrestre, ce qui peut engendrer une diminution des températures à l’échelle planétaire. »  

 

© IRD – Philipson Bani

Les volcans indonésiens, comme ici le volcan Slamet, sont peu étudiés du fait des difficultés d’accès.

Mais, selon l’étude qu’il a mené avec les scientifiques indonésiens, les volcans de l'archipel n’émettraient qu’une modeste quantité de soufre : 1,15 téragramme1 téragramme est équivalent à un million de tonnes (Tg)  par an alors que certains volcans comme l’Etna rejettent individuellement 1,5 à 1,8 Tg de SO2 par an. Cette contribution moyenne pourrait s’expliquer par le piégeage du gaz par le système hydrothermal, le contexte géodynamiqueMouvements des plaques tectoniques. et la convectionTransfert d’énergie thermique. dans les conduits magmatiques.

Par ailleurs les sources profondes de ces volcans ne contiendraient pas de SO2 en quantité exceptionnelle. Les dégazages massifs de ce gaz lors d’éruptions importantes résultent davantage d’une libération explosive d’une quantité importante de dioxyde de soufre qui s’est accumulé pendant de longues périodes dans les réservoirs volcaniques. La combinaison des mesures de ce gaz et des études de pétrologieformation des minéraux et roches. des produits rejetés par les volcans pourrait ainsi apporter davantage d’informations sur le bilan du dégazage volcanique en Indonésie et la part de sa contribution aux émissions mondiales de dioxyde de soufre.