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Global Africa, penser l’avenir du continent africain face aux défis planétaires

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Mis à jour le 02.06.2022

Le 10 mars, la revue Global Africa a sorti son premier numéro. Portée par le consortium du même nomUniversité Gaston Berger de Saint-Louis (UGB, Sénégal), IRD, Laboratoire d'études et de recherche sur les dynamiques sociales et le développement local (LASDEL, Bénin/Niger) et Université Internationale de Rabat (UIR, Maroc)1, la revue pluridisciplinaire et plurilingue accueille des réflexions sur les enjeux globaux et leurs défis saisis à partir de l’Afrique et de ses diasporas. Échanges avec sa rédactrice en chef, Mame-Penda Ba, directrice du Laboratoire d’analyse des sociétés et pouvoirs/Afrique-diasporas (LASPAD).

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    IRD le Mag’ : Quelle est la ligne éditoriale de Global Africa ? 

    Mame-Penda Ba : Elle consiste à penser les enjeux globaux, tels ceux qui se retrouvent dans les agendas internationaux (Agenda 2063 de l’Union africaine, Agenda 2030 des Nations unies pour le développement durable) : sécurité humaine, changement climatique, coopération Sud-Nord, efficacité de l’aide « au développement», mais aussi les enjeux économiques, technologiques et sociétaux liés à la révolution digitale (Big Data, Gafam, intelligence artificielle, etc.) en interrogeant la place de l’Afrique dans leur nécessaire gouvernance mondiale. De quelles manières les chercheurs et chercheuses peuvent éclairer les décideurs publics et la société civile sur ces questions ? Quels intérêts les États africains doivent-ils défendre ? De nouvelles problématiques vont-elles émerger à partir de l’Afrique ? Telles sont quelques-unes des problématiques qui sont au cœur de nos préoccupations.

    Mame-Penda Ba est professeure agrégée en sciences politiques à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) et rédactrice en chef de la revue Global Africa.

    © Mame-Penda Ba

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    Notre objectif est en effet de reconsidérer ces enjeux à partir des contextes africains et diasporiques. Il faut rappeler que la diaspora africaine a le statut de sixième région du continent, à côté de l’Afrique de l’Ouest, de l’Afrique centrale, de l’Afrique australe, de l’Afrique orientale et de l’Afrique du Nord. 
    De fait, forcée ou volontaire, la mobilité fait partie de l’expérience africaine depuis des siècles. Ainsi, ce que les Afrodescendants ont à dire sur les trajectoires et les futurs de l’Afrique est important. En ce sens, Global Africa est pour nous le nouveau nom du panafricanisme, cette idée née hors du continent et qui s’émancipe de la couleur de la peau ou de la géographie.

    Cette présence au monde justifie ainsi le plurilinguisme de la revue, dont chaque article est publié en anglais, arabe, français et swahili ?

    M.-P. Ba : Oui, la traduction et la question de la disponibilité des textes dans des langues africaines (arabe et swahili pour le moment) nous tiennent à cœur. À cet égard d’ailleurs, nous sommes avec ce programme dans la continuité des efforts de l’Université Gaston Berger qui, à travers son département de Langues et cultures africaines, est la première université ouest africaine francophone à considérer que les langues africaines sont des langues de recherche et d’enseignement. 
    Le philosophe Valentin-Yves Mudimbé écrivait dans L’odeur du père, qu’un « changement de l’instrument linguistique de connaissance et de production scientifique provoquerait assurément une rupture épistémologique et ouvrirait la voie à une aventure nouvelle pour l’Afrique ». 
    Pour ce premier numéro, nous avons reçu des articles en français et en anglais seulement. Mais pour le deuxième, nous avons déjà reçu des textes en arabe !

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    Sur quel thème a porté l’appel à contribution pour ce numéro inaugural ?

    M.-P. Ba :  Nous avons volontairement passé un appel à contribution très large, fondé sur ces termes : « Afriques, Mondes, Savoirs de demain », et de fait, chacun des articles est quasiment séminal : recentrer l’humanitarisme en Afrique, Afrique globale et panafricanisme, repenser les politiques publiques à partir des experts contextuels... Nous espérons ainsi ouvrir des discussions avec les communautés scientifiques.
    L’un des textes évoque l’art des femmes berbères, en le considérant comme un lien entre l’Afrique du Nord et le reste du continent. C’est une de nos volontés d’intégrer le discours artistique dans la réflexion globale. L’article sur la nécessité d’avoir recours à des experts contextuels appelle à repenser l’aide aux politiques publiques. ONG, universitaires, décideurs devront le lire.
    La thématique du prochain numéro sera volontairement plus resserrée et s’intéressera à la viralité, sous ses aspects biologiques et biomédicaux bien sûr, mais également dans la sphère des sciences sociales. Comment les virus vivent, quelles sont leurs interactions avec le vivant ? Quelle façon de contrôler/contraindre/surveiller les populations en cas d’épidémie virale…Ce thème interpellera aussi l’histoire. Pour la France coloniale par exemple, l’Afrique a été considérée comme l’espace par excellence des virus, et les corps africains ont fait l’objet d’usages expérimentaux divers, et les mémoires de ces usages sont toujours là comme le Covid nous l’a si bien rappelé. 

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    En conclusion, quels objectifs l’édition de la revue sert-elle ?

    M.-P. Ba C’est très clair : faire émerger une nouvelle génération de chercheurs et chercheuses africains et diasporiques, qui puisse penser les défis de leur continent et les défis du monde. Cette volonté affirmée s’accompagne d’une ouverture revendiquée. C’est pourquoi j’ai eu beaucoup de plaisir à co-signer mon article avec Philippe Curry, écologiste marin, directeur de recherche IRD et ancien représentant de l’IRD auprès des instances européennes à Bruxelles.
    Global Africa est né d’un dialogue exigeant et honnête entre l’UGB et l’IRD quand Laurent Vidal était représentant de cette institution à Dakar. De part et d’autre nous cultivons l’idée de cosmopolitisme et de convivialité, et considérons la recherche comme une occasion de penser avec d’autres, des enjeux communs.

     

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    • Vol. 1 No 1 (2022): Afriques, mondes et savoirs de demain

    La revue Global Africa, publiée en libre accès, répond aux standards les plus élevés de l’édition scientifique internationale, et jouit d’une totale indépendance scientifique. Elle est disponible en téléchargement sur le site du programme et en version papier imprimée à la demande.

     

     

    • Mame-Penda Ba, Laboratoire d'analyse des sociétés et pouvoirs / Afrique-Diasporas (Laspad), Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal

    • Julie Coquart