Bateau de pêche en pleine mer.

La concurrence est grande entre pêcheurs à la palangre et grands prédateurs dans le Pacifique Sud.

© IRD - Thibaut Vergoz

Les cétacés guettent-ils les pêcheurs de Nouvelle-Calédonie ?

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Mis à jour le 13.08.2024

Les grands prédateurs marins se nourrissent-ils plus qu’avant des poissons capturés par les pêcheurs opérant dans le Pacifique Sud ? Depuis quelques années, ces derniers ressentent ainsi un plus fort niveau de déprédation. Et c’est bien une réalité : les travaux menés par les scientifiques de l’IRD et leurs partenaires néo-calédoniens confirment que le prélèvement sur des engins de pêche par des requinsPlusieurs espèces de requins pélagiques1 et cétacésPseudorques et globicéphales1 est plus fréquent dans cette région du globe que dans d’autresDans l’océan Indien notamment, au large des Seychelles et de La Réunion, où les espèces cibles et les espèces déprédatrices sont les mêmes.1. Les grands prédateurs y interagissent plus souvent avec les palangres Longue ligne de pêche, équipée de plusieurs milliers d’hameçons appâtés, utilisée pour capturer des poissons en merdéployées pour capturer thons, espadons et marlins. Pour autant, les spécialistes estiment que si les incidents sont plus fréquents, les pertes occasionnées sur le volume des prises n’y sont pas plus élevées qu’ailleurs.

Le suivi des opérations de pêche sur des palangriersBateaux pratiquant la pêche à la palangre, avec des instruments scientifiquesCaméras fixées le long des lignes, hydrophones et accéléromètres pour déterminer le moment où intervient la déprédation. 1, et l’analyse des données sur les prises et les pertes enregistrées entre 2001 et 2022 éclairent sur les espèces à l’origine de la déprédation. Ils montrent la prédominance des pertes associées à l’action de cétacés. Contrairement aux requins qui infligent de simples morsures aux poissons accrochés aux hameçons, ceux-ci agissent en effet méthodiquement en remontant les lignes et ne laissent que la tête, rendant une bonne partie de la pêche impropre à la commercialisation. Mais surtout l’étude suggère que les interactions avec les cétacés ne sont pas fortuites : ces derniers pourraient avoir appris à détecter de loin les bateaux de pêche pour venir prélever facilement leur nourriture sur les lignes. Des recherches complémentaires permettront de définir les zones où ces rencontres sont plus probables, mais aussi de déployer des dispositifs pour protéger de la déprédation le poisson sur les palangres.